Le plasticien Jean-Luc Vilmouth s’est éteint le 18 décembre à l’âge de 63 ans.
“Vilmouth Time”, par Dominique Gonzalez-Foerster
Jean-Luc Vilmouth, grand, élégant, sage et merveilleux ami depuis trente ans a changé de monde pendant son sommeil vendredi dernier. Du Japon à l’Amazonie, de Creutzwald où il a grandi à Taipei où il est mort. C’est un immense artiste avec une œuvre multiforme, participative, écologique, philosophique et poétique qui s’esquive en rêvant. Du Marteau sans maître qui creuse son propre trou dans un mur au Café Little Boy visible au Centre Pompidou où les dessins, écrits et couleurs se mélangent pour former une nacre chorale et envoutante qu’il voulait encore photographier pour en faire autre chose.
Un maître zen
Il a été, avec une modestie et un pouvoir de transmission unique, le passeur et le révélateur pour beaucoup d’artistes. Avec Vidya Gastaldon, Pierre Joseph, Otobong Nkanga, Philippe Parreno, Seul-gi Lee et tant d’autres nous en faisons partie. De l’école des Beaux-arts de Grenoble où il a commencé à enseigner en 1985 aux Beaux-Arts de Paris où ses étudiants ont fait des expériences artistiques collectives exceptionnelles, il a transmis sans relâche comme un maitre zen.
Au Royal Collège à Londres où il a étudié, une de ses œuvres consistait à balayer la classe et c’est ce petit tas de poussière qui devenait sculpture. Il a fait partie de la nouvelle sculpture anglaise pendant ses années londoniennes. Il a participé à la Documenta 7, à de nombreuses biennales et aussi aux Magiciens de la Terre. Ce printemps, il participait à l’exposition Parasophia à Kyoto dans ce Japon où il est allé si souvent, c’était peut-être son pays préféré et une immense inspiration pour son œuvre.
A Fukushima il a filmé Lunch Time avec des survivants, une très longue table sur un terrain dévasté où déjeunent, cuisinent et parlent ceux qui ont vu. Un de ses livres préférés était L’Eloge de l’ombre de Junichiro Tanizaki. Il buvait tous les jours du thé vert et m’a fait découvrir tant de choses, il y a deux semaines il m’a dit qu’il ne pouvait plus se passer des fèves de cacao.
S’entendre avec l’art et le monde.
Le premier livre qu’il m’a offert était Vertes demeures de William Henry Hudson. L’Amazonie le fascinait complètement et il a passé du temps dans cette forêt où il a tenu un journal qu’il faudrait publier. Sa communication avec les plantes et les arbres, son intérêt pour les autres espèces, éléphants, singes, oiseaux et sa vision globale sont d’essence chamanique.
Ces dernières années il a fait pendant des heures d’immenses dessins qui sont des méditations fantastiques qu’il faudrait absolument montrer. A ses trois enfants, à ses amours, à ses amis, à ses étudiants il a transmis avec un sourire immense ce qui est nécessaire pour vivre autrement et s’entendre avec l’art et le monde.
Ces dernières années il a fait pendant des heures d’immenses dessins qui sont des méditations fantastiques qu’il faudrait absolument montrer. A ses trois enfants, à ses amours, à ses amis, à ses étudiants il a transmis avec un sourire immense ce qui est nécessaire pour vivre autrement et s’entendre avec l’art et le monde.
Ange Leccia, son inséparable ami, l’a amarré au cap Corse. Se retrouver tous les trois faisait partie des meilleurs moments de l’existence. Il aimait énormément les histoires et les commencements comme la première maison, le premier pot et il sera toujours le premier artiste. Puisse son œuvre immense rayonner sans fin comme les cercles de crayon qu’il dessinait autour de l’horloge et son esprit magique rester avec nous.
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