miércoles, 17 de agosto de 2016

L'Art Contemporain : son origine



Marcel Duchamp, ’’Fontain’’ © Succession Marcel Duchamp, ARS, N.Y. / ADAGP, Paris
Marcel Duchamp, ’’Fontain’’
© Succession Marcel Duchamp, ARS, N.Y. / ADAGP, Paris

Un monde en pleine mutation

Une nouvelle perception de l’espace et du temps

A l’exposition universelle de 1900, on peut venir admirer un rêve sur le point de devenir réalité : L’électricité, la vitesse, l’automobile, le cinématographe. Un ensemble des plus récents progrès techniques qui va, en quelques années, dépasser tout ce qui a été accompli en des millions d’années.
Une perception nouvelle de l’espace et du temps : Les chemins de fer, en gagnant en vitesse, vont se déployer en un réseau de transport qui va inciter les pays à ouvrir leur frontière. L’aéroplane et la conquête du ciel donnent réalité à un fantasme primitif. L’invention de la radio permet la transmission instantanée de la parole dans le monde.
La circulation de l’information, des connaissances, de la pensée ouvre des champs nouveaux, une nouvelle conscience du monde.
Témoin de ce temps Stephan Zweig se souvient : « Grâce au synchronisme universel de notre nouvelle organisation, nous étions constamment engagés dans notre époque. Quand les bombes réduisaient les maisons en miettes à Shanghai, nous le savions en Europe, dans nos chambres avant même que les blessés eussent été retirés des décombres. » (in Le monde d’hier).

La grande guerre : Une violence effarante

En contrepoint de leur entrée dans l’allégresse de la modernité et de leur essor économique, les états européens vont projeter leur puissance à travers un expansionnisme colonial effréné.
Par ailleurs, la montée en puissance de l’empire allemand, la crise dans les Balkans, vont entrainer inéluctablement la première grande guerre mondiale qui embrasera l’Europe de 1914 à 1918.
Cette guerre, d’une violence effarante, va faire tabula rasa du siècle précédent (désintégration des empires austro-hongrois, allemand, russe et ottoman), et faire émerger un nouvel ordre mondial.
La ruine des états européens provoque un transfert de richesse vers les Etats-Unis. L’Europe est en proie à la montée des grandes idéologies de masse. Bolchevisme en Russie, national-socialisme en Allemagne, fascisme en Italie abattent une culture européenne née de la modernité d’avant-guerre.
Les artistes saisissent et exorcisent à la fois ce monde en bouleversement, un monde déjà nouveau. C’est durant cette période que vont naître les mouvements « avant-garde » , terme emprunté au langage militaire puisqu’il désigne une petite troupe envoyée en avant pour explorer un terrain.

Les premiers mouvements modernes et avant-gardes naissent de ces mutations intenses

LA REPRÉSENTATION REMISE EN CAUSE

Le mouvement expressionniste : 
C’est en France que le premier mouvement issu de la nouvelle modernité apparaît dès 1904-05. Les « Fauves » , nommés ainsi d’une façon péjorative par le critique Vauxelles, sont l’aboutissement des relations entre Derain et Vlaminck puis entre Derain et Matisse. La couleur est envisagée par Derain (in lettre à Matisse, juin 1905) comme « une matière dans laquelle on transpose comme dans du marbre ou du bois qui se décompose en différentes logiques ». La recherche de l’élan vital, ou exprimer par la couleur le principe de vie est en rapport avec les premiers regards sur l’art africain, les civilisations océaniennes peintes par Gauguin.
Le climat expressionniste se poursuit en Allemagne. « Die Brücke » (le pont) est fondé à Dresde en 1905 par Kirchner, Heckel, Schmidt-Rottluff; puis Pechstein et Nolde.
Là, cette pulsion de vie exprimée plus violemment (couleurs et contrastes dissonnants) traduit une aspiration à une nouvelle vision de la société.
Le Cubisme : 
En France, vers 1907-1908, le cubisme pousse plus loin encore la remise en cause de la représentation.
 » Les demoiselles d’Avignon » de Picasso en est le tableau fondateur. Trois influences essentielles : les recherches de Cezanne, la culture africaine, la naïveté enfantine du douanier Rousseau. Picasso et Braque, travaillant en binôme, pousseront leur recherche jusqu’aux portes de l’abstraction avec le « cubisme hermétique » en 1910-11.

SE LIBÉRER DE LA REPRÉSENTATION

Le Futurisme italien : 
La première posture proprement d’avant-garde, exprimant les tensions du monde moderne est celle du Futurisme italien.
Le poète Marinetti, les artistes Balla, Boccioni, Carra, Russolo, puis Severini, Prampolini publient un manifeste en février 1909 dans le Figaro car Paris est considéré comme un centre intellectuel. Par ses termes volontairement violents, il prend l’allure d’une déclaration de guerre au passé et à la tradition pour fonder une situation nouvelle se portant vers la machine, la dynamique, la vitesse.
Marinetti pose les jalons des premières formes de performance ou « happening ».
Le futurisme italien se poursuivra en Russie avec le Rayonnisme (Larionov, Goncharova).
Blaue Reiter : 
Presque au même moment à Munich vers 1911-12, « Blaue Reiter » va cristalliser les balbutiements d’un esprit européen naissant. Ce nom est donné par Kandinsky et Franz Marc à un recueil de textes sur l’art rédigés par des artistes, et deux expositions présentées aux galeries Thannhauser (11) et Goltz (12). Ce mouvement prône la qualité spirituelle de l’art et rassemblent sans clivage des créateurs sans comme Paul Klee, Macke, les français Derain Delaunay, les russes Gontcharova, Larionov, Malevitch, Tatline ainsi que le compositeur Schönberg.Très bref, il fut très fort et vit la naissance de l’abstraction.
L’Abstraction : 
Artiste théoricien russe installé à Munich puis à Murnau, Vassily Kandinsky est attaché à l’univers onirique de la Russie, et en même temps, porté par la vision de la nouvelle modernité expressionniste. Vers 1910-1911 il va définir une nouvelle langue visuelle en partant du signe naissant, presque enfantin, vers des impressions improvisations, et ainsi basculer vers l’ART ABSTRAIT.
Presque parallèlement en Hollande, partant des recherches cubistes de Picasso et Braque, Piet Mondrian élabore, à partir 1912-13, une recherche vers une abstraction géométrique et métaphysique. Cette recherche est formalisée par De Stjil en 1917 qui regroupe des artistes comme Van Dœsburg, Vantongerloo et des architectes comme Rietveld. 
De même, vers 1919, Walter Gropius fonde un type d’école d’art tout à fait nouveau : Le Bauhaus (construction de la maison) traduit et met en œuvre l’abstraction dans l’esprit d’unir l’art et l’industrie. Partir du langage abstrait pour aboutir aux notions de production et fonction. Un enseignement transversal (architecture, graphisme, théâtre...) par des professeurs comme Kandinsky, Moholy-Nagy, Schlemmer, Klee...
Les avant-gardes russes : 
En Russie entre les années 1910 et 1920, une effervescence artistique sans précédent va exprimer l’intensité du changement et trois mouvements avant-gardes vont émerger. Le Rayonnisme reprend les recherches des futuristes italiens. Le Suprématisme dont le manifeste est rédigé par Malevitch : « Par Suprématisme, j’entends la suprématie de la sensibilité pure sur tous les arts ». Il aboutit à une attitude métaphysique par l’annulation même de la représentation avec son œuvre emblématique et iconique Quadrangle noir, 1915 (galerie Trétiakovà Moscou).
Les artistes constructivistes comme Tatlin, Lissitszky ou Rodchenko se rapprochant de l’abstraction de Malevitch s’inscrivent néanmoins dans une logique de changement radical de société accompagnant la révolution communiste.

CATAPULTER LA FORME

Marcel Duchamp (né à Blainville en 1887 - mort à Neuilly/Seine en 1968) : 
Artiste et joueur d’échecs, Marcel Duchamp, ce fils de notaire normand, a toute sa vie poursuivi une trajectoire personnelle et anticonformiste. En inventant de nouvelles formes questionnant le fondement de l’art, il ouvre la voie à l’esprit contemporain toujours actuel. 
Dès 1912 sa peinture traduit son intérêt pour les avancées de la science, les mécanismes intellectuels, et exprime la démultiplication du mouvement en un feuilletage de plans qui désintègre le corps même. 
Quand la guerre éclate, réformé, il part vivre à New-York en 1915 où il est déjà célèbre depuis que son Nu descendant l’escalier (1912) , exposé à l’Armory Show en 1913 fut devenu le symbole de l’avant-garde européen. Dans ce climat de liberté, il abandonne la peinture et invente le concept de Ready-made (objet déjà fait) à partir d’objets qui se trouvaient dans son atelier de Paris en 1913, la roue de bicyclette et le porte-bouteille. Bien d’autres suivront comme Fontain. Il s’attèle aussi à un grand projet sans peinture qu’il porte depuis 1913, La mariée mise à nue par les célibataires, même(ou grand verre), qu’il terminera en 1923. Après s’être consacré exclusivement aux échecs, il travaille en secret à sa dernière œuvre Etant donnés : 1°la chute d’eau, 2°le gaz d’éclairage (commencée en 1944 et révélée après sa mort).
Ne voulant appartenir à aucun mouvement, il sympathisa néanmoins avec Dada puis le Surréalisme.
Dada : 
Ce terme, que l’on dit avoir été choisi au hasard dans le dictionnaire, évoque bien sûr l’enfance et peut se prononcer dans toutes les langues. Il naît à Zurich en 1916 en pleine guerre mondiale; il est d’abord formé par un groupe hétérogène d’artistes et intellectuels : Hugo Ball est écrivain et philosophe; Tristan Tzara est poète; Richard Huelsenbeck est une sorte de médecin-poète; Hans Arp et Marcel Janco sont peintres. Se réunissant au cabaret Voltaire des nuits entières, ils se manifestaient par des expérimentations et des performances scandaleuses dans un climat cahotique et très bruyant.
Pour Dada, l’œuvre est un organisme vivant puisant son énergie dans les objets et les rebus de la société. Il connut une diffusion très rapide à Berlin, New-York et Paris.
le Surréalisme : 
Comme Dada, le Surréalisme surgit de la crise mondiale et réagit violemment contre la pensée guerrière et la culture bourgeoise. Il ne peut être réduit à une école artistique classique. Véritable phénomène littéraire et artistique inspiré par la psychanalyse, il pose un cadre expérimental pour la libération de la pensée du rationnel : Le rêve, l’écriture automatique, le langage sous hypnose, la pratique du cadavre exquis
Le Surréalisme s’organise et se fédère autour de la figure tutélaire du poète et écrivain André Breton. Celui-ci positionne et théorise le mouvement dans le Manifeste du Surréalisme (1924) avant d’en affirmer l’engagement politique dans l’action du communisme dans le Second Manifeste (1929).
La plupart des artistes, écrivains et poètes y adhérent ou y sympathisent, parmi lesquels on peut citer : Philippe Soupault, Benjamin Perret, Robert Desnos, Raymond Queneau... Max Ernst, Man Ray, Jan Arp, puis Joan Miro...Dali...
Le Surréalisme se répand très vite partout dans le monde comme une nouvelle vague. Même si en 1969 l’acte de décès du mouvement est publié dans Le Monde (trois ans après la mort d’André Breton), il est encore vivant dans l’esprit contemporain.
Par l’exploration des réseaux de l’intelligence, du psychisme, de l’imaginaire, les surréalistes révèlent le sens des mutations qui venaient de s’opérer. Ils annoncent un nouvel espace-temps, cette autre dimension qui ressemble au monde cybernétique actuel.

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BLANCA ORAA MOYUA

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