C'était un mystère bien gardé. Que contient la collection d'art de la Fondation Louis Vuitton, propriété du leader mondial du luxe, Bernard Arnault (*) ? Tout juste en 2009, à Hong Kong, une petite sélection d'une trentaine d'oeuvres avait été dévoilée. On y voyait, entre autres, une peinture de Basquiat, un film de Pierre Huyghe ou une oeuvre géante de Gilbert & George. Depuis lors, on sait que la très discrète Suzanne Pagé, directrice artistique de la Fondation et ancienne directrice du musée d'Art moderne de la Ville de Paris, courait le monde, les expositions et les foires pour nourrir le fonds de la Fondation. Le 24 octobre, on pourra tout juste commencer à entrevoir son contenu. « Juste entrevoir » car comme l'explique Jean-Paul Claverie, le conseiller du président de LVMH, « l'ouverture est avant tout la célébration d'une architecture ». Alors au sein de la fondation même, en écho à la rétrospective du Centre Pompidou consacrée à l'oeuvre de l'architecte américano-canadien Frank Gehry, est proposée une exposition sur la genèse et la conception du spectaculaire bâtiment du bois de Boulogne, composé de ces douze voiles de verre géantes qui se juxtaposent savamment. De ce fait, ne sera disposé dans un premier temps à l'intérieur qu'un nombre restreint d'oeuvres donnant les grandes directions du fonds, auxquelles s'ajoutera un ensemble de commandes spécifiques justement en relation avec l'architecture. Pour les plus curieux, il faudra attendre décembre et même mars pour voir encore d'autres pièces de la collection ainsi que des mises en perspectives historiques de l'ensemble
De Gerhard Richter à Olafur Eliasson
La salle certainement la plus spectaculaire visible à partir d'octobre est celle consacrée à Gerhard Richter, star de l'art allemand de quatre-vingt-deux ans. Elle est composée d'un ensemble de peintures abstraites et figuratives de l'artiste accrochées sous sa supervision. Dans une autre salle, une grande projection d'un film de Pierre Huyghe (né en 1962) raconte une improbable expédition en Antarctique qu'il a menée avec une équipe à la recherche d'un pingouin… albinos. Huyghe, qui rêvait de devenir biologiste, adore observer la nature et ses anomalies. Deux autres artistes français sont mis à l'honneur. Il s'agit dans des styles très différents de deux « grands classiques » de la création hexagonale : Bertrand Lavier (né en 1949) et Christian Boltanski (né en 1944). Le premier, homme d'esprit et champion du concept, a revisité l'art minimal en créant une sculpture lumineuse qui reprend et juxtapose les néons de Donald Judd et les figures géométriques normalement peintes de Stella. Un petit pied de nez, bien qu'en grand format, à l'histoire de l'art. La pièce s'appelle « Impératrice indienne ». Inutile de présenter Christian Boltanski, qui s'est fait connaître par ses travaux spectaculaires sur la mémoire et la disparition. Sa présence à la Fondation Vuitton est marquée par une oeuvre qui tient à son histoire personnelle. Il est né un 6 septembre et a compilé une infinité d'images d'actualité pour faire un résumé en accéléré et sans hiérarchie de cette date clef. De la guerre du Vietnam à Johnny Hallyday, c'est au spectateur d'arrêter le temps sur le 6 septembre qui l'intéresse. Enfin, Olafur Eliasson a investi le Grotto avec une oeuvre pleine de sens : « mon idée : créer par un effet kaleïdoscopique l'illusion que l'on marche vers l'horizon. », précise l'artiste. Un avant-goût des collections alléchant. On attend la suite avec impatience.
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